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Integrated Management – Case Studies

Workshop convenor(s): Helen Fast Released 5 Nov 2003

La gestion intégrée de la Baie de Caraquet:
succès du processus et résultats

Contexte général

L’utilisation de la baie de Caraquet pour des usages multiples remonte à plus de 150 ans. Déjà en 1757 on parlait de la culture des huîtres, tradition empruntée des habitants provenant de la France. De plus, Moses Perley (1952) écrivait non seulement à propos de la renommée de l’huître « La Caraquette » mais aussi de l’abondance du saumon de l’atlantique, de la truite, du bar et de l’anguille pour ne nommer que ceux-là. L’huître a fait couler beaucoup d’encre, car c’est l’endroit la plus au nord de la côte Atlantique que l’on peut cultiver l’huître. D’où l’importance de la température de l’eau de cette baie, protégée des eaux du Golfe du Saint Laurent par une flèche dunaire et une Île.

Dans les années 1871, le port de Caraquet à servi à l’exportation du bois vers l’Angleterre. Par après cette baie s’est fait connaître tant pour la qualité de ses invertébrés (homard) que pour l’abondance du hareng, de l’éperlan et du maquereau.

Donc, il s’agissait d’un écosystème très productif et couru tant par les pêcheurs sportifs que commerciaux jusqu’au début des années 1960. Avec l’introduction des techniques de pêches aux chaluts ainsi que l’intervention de senneurs efficaces les captures diminuent. Également dans cette période, les huîtres sont au prise avec une sérieuse maladie qu’on réussit toutefois à maîtriser. Mais la construction de chalets se fait de plus en plus dense. De plus, les coupes de bois s’intensifient et la culture des petits fruits prend de plus en plus de place.

La période des années 1960 à 1990 fut très néfaste pour l’exploitation des ressources naturelles et la destruction des habitats et la baie de Caraquet n’y échappe pas. Par exemple la récolte d’huîtres est passée de 718t. en 1975 à 43t. en 1998 soit environ 17 fois moins.

1. Intervention : de l’huître au bassin versant de la baie de Caraquet

Toutefois, en 1991 pendant la compagne électorale au Nouveau-Brunswick, le Premier Minsistre d’alors Franck McKenna, est blâmé pour le laisser-faire dans la contamination de la baie de Caraquet. Les populations résidentes du bassin versant au nombre de 15,000 sont au prise avec une pollution massive. Plus de 75% des bancs publics de la baie de Caraquet sont soumis à des fermetures temporaires successives causées par la présence de coliforme et la présence de coliforme rend la consommation des mollusques dangereuse. De 1991 à 1993 un comité interministériel est formé et un Comité de développement durable de la baie de Caraquet composé de 26 groupes avec la participation de fonctionnaires locaux et régionaux ainsi que d’entreprises est mis en place. Le Comité obtient des subventions du fonds de fiducie de l’environnement du Nouveau-Brunswick. Grâce à des interventions et à des projets spéciaux coordonnées par un ancien maire d’une communauté du bassin versant durant la période de 1993-96 on réussi à convaincre les quatre municipalités du bassin versant, les propriétaires de chalets, les usines de transformation du poisson ainsi que les entreprises de transformation de mousse de sphaigne de modifier de pratique de gestion des eaux usées et des boues.

Des sessions d’information dans les écoles, l’intervention des aînés sur les multiples usages et l’héritage de la baie ont contribué à élargir la sensibilisation et à lui donner une dimension inclusive. Pendant cette période de mobilisation des ressources humaines, le territoire des bancs publics contaminés est passé de 75% à 25% et ce fut considéré un réel succès. Les habiletés ainsi que l’expérience du coordonnateur du projet ont beaucoup facilité la tâche. (Chouinard et Vanderlinden, 1997).

Alors que le focus de 1991 à 1996 fut placé sur la dépollution des sources de contamination autour de la baie de Caraquet. On s’est vite rendu compte que les pratiques agricoles et forestières en amont des trois rivières et des douze ruisseaux du bassin versant devenaient des sources importantes de sédimentation tant de la baie que des habitats du bassins versant. En 1997 et 1998 on transforme le Comité de développement en un comité de gestion intégrée du bassin versant de la baie de Caraquet. Ce nouveau comité obtient des fonds pour que l’équipe de l’Université de Moncton travaille dans une perspective de gestion intégrée des ressources du bassin versant. Le groupe de bassin versant a alors recruté à la fois des producteurs de petits fruits ainsi que des producteurs de lots boisés.

2. Vers une gestion intégrée : de l’étude à l’action

Les moyens en vue d’une gestion intégrée des ressources et l’implication des divers groupes du territoire du bassin versant de la baie de Caraquet ont donné un second souffle aux intervenants et ont une véritable impulsion pendant l’enquête et la rédaction du guide pour la gestion intégrée à l’usage des divers groupes participant.

En plus de mettre en évidence la fragilité des ressources halieutiques les chercheurs conjointement avec le groupe de gestion intégrée ont mis l’accent sur l’importance des coupes forestières responsables; d’une culture de petits fruits qui minimise l’utilisation de fertilisant ou de pesticide, tel le bleuet; d’une pratique d’exploitation de la tourbe respectueuses des normes environnementales; de l’assurance d’une pêche blanche en hiver qui respecte des critères de respects de la nature; du maintien de la vigilance auprès des propriétaires de chalets et de la continuation de l’interaction avec les municipalités et les propriétaires d’usine de poisson. La sensibilisation de ces intervenants avait pour but de mettre en perspective l’importance de la qualité de l’eau et aussi de la propreté des plages du bassin versant qui attirent le touriste durant les mois d’été. Enfin, le territoire de Caraquet a toujours été reconnu pour son dynamisme culturel que ce soit au niveau de la création artistique et culturel tant local, régional que national et international, que ce soit au niveau de la mobilisation des évènements de la fête nationale du 15 août ou encore de son pèlerinage à Ste-Anne, du Village historique acadien qui relate le mode de vie des acadiens au XIXè siècle pour ne nommer que ceux-là. En témoigne également le fait que le village de Caraquet fut nommé en 2003 par le Ministère du Patrimoine Canadien La Capital culturel du Canada pour les villes de 50,000 habitants et moins ce qui est un indice évident de sa vitalité culturelle.

Mentionnons que de l’automne 2000 à l’automne 2002 un plan de communication environnementale fut mis en œuvre afin de bâtir des capacités communautaires pour prendre la relève.

Cependant, des défis sont à relever : i) la stagnation de la population et le vieillissement de cette population peuvent engendrer des problèmes et représenter des défis de taille, ces derniers représentent également des opportunités très intéressantes. Ainsi, les « baby boomers » approchent l’âge de la retraite. Or, il s’agit souvent d’un groupe encore en bonne santé avec des ressources financières intéressantes. Comment peut-on davantage les mettre à profit ? Comment maintenir les plus jeunes populations… ii) le maintien d’un financement stable pour la poursuite d’activités de sensibilisation, d’animation environnementale et de d’inclusion des diverses catégories de population.

Trois grands aspects sont à prendre en considération dans les activités du bassin versant de la baie de Caraquet et qui restent des enjeux majeurs :

  1. comment en arriver à arrimer davantage l’économie et l’écologie ; ici la réconciliation entre les impératifs à court terme de l’économie et de la finance et les cycles lents de l’écologie, tels la reproduction des espèces et la restauration des habitats en dangers ou détruits est un enjeu majeur. Des initiatives furent lancées par le groupe par le groupe SOS Nature en vue d’arrêter la déforestation.

  2. comment favoriser une approche décentralisée qui permet une plus grande participation et inclusion des citoyens à la base ; nous sommes confrontés ici à des approches verticales et hiérarchiques qui freinent l’engagement et la démocratie participative. Le groupe de développement durable puis celui de la gestion intégrée du bassin versant vont dans le sens d’une formation à la gestion environnementale locale.

  3. comment mousser l’éducation environnementale afin d’intégrer les préoccupations des diverses générations, les préoccupations d’entraide, de partage, d’intégrer les savoirs locaux aux savoirs scientifiques et d’élargir les liens et les contacts sur le territoires avoisinants. Le club de loisir qui a travaillé à restaurer les rivières avec la participation des jeunes et des aînés et un pas en ce sens.

Case study author(s)

Omer Chouinard et Jean-Paul Vanderlinden, Programme gradué en études de l’environnement, Université de Moncton, Oct. 2003.